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Intelligence artificielle : qui sont Matthew Butterick et Joseph Saveri, les deux hommes qui organisent la résistance face aux machines ?

Matthew Butterick, à gauche, en présence de l’artiste Karla Ortiz, au milieu, lors de son audition devant le Sénat américain. [CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

En juillet dernier, la comédienne Sara Silverman déposait plainte contre la société Open AI, créateur de ChatGPT, et le géant Meta (ex-Facebook), pour dénoncer les violations de droit d'auteur induits dans le fonctionnement des systèmes d’intelligence artificielle. Un combat mené par deux hommes : Matthew Butterick et Jospeh Saveri.

La résistance s’organise. Le lancement de l’agent conversationnel ChatGPT en novembre 2022 par la société Open AI, dont la valeur a atteint près de 30 milliards de dollars dans les mois suivants, a suscité la fascination de ses utilisateurs à travers le monde entier. Et tous les logiciels utilisant l’intelligence artificielle qui sont apparus depuis – comme Midjourney, DeviantArt, StabilityAI, et d’autres – n’ont pas dérogé à la règle. Certains partagent toutefois un point commun important, autre que l’usage de l’intelligence artificielle : ils sont dans le viseur des plaintes gérées par Matthew Butterick et le cabinet d’avocat de Jospeh Saveri, spécialisé dans les affaires antitrust et de respect de la concurrence depuis 35 ans.

En juillet dernier, les deux hommes ont été découverts par le grand public après avoir accepté de représenter l’humoriste américaine Sara Silverman – ainsi que d’autres auteurs – après une plainte déposée à l’encontre de la société Open AI et du géant Meta (ex-Facebook), afin de dénoncer les violations de copyright induits dans le fonctionnement de leurs systèmes d’intelligence artificielle. Ces plaintes sont bâties autour d’un même argument : ces sociétés commercialisant des logiciels usant de l’intelligence artificielle ont «entraîné» leurs modèles avec des œuvres soumis à des droits d’auteurs et/ou des contenus liés à des licences «open source» (et donc soumis à conditions) afin de leur permettre de générer des résultats sans pour autant demander la permission aux créateurs de ces contenus.

Prouver la violation du droit d'auteur

Selon Matthew Butterick et Joseph Saveri, les résultats obtenus par les logiciels équipés d’intelligence artificielle sont dépendants du travail des humains à l’origine de la création qui leur sert de «base» d’apprentissage. «C’est juste affolant que leur travail soit exploité sans leur consentement, sans reconnaissance, sans compensation, afin d’entraîner des IA qui finiront par les mettre au chômage», explique le premier, qui n’exerçait pas en tant qu’avocat avant de se lancer dans cette aventure, rapporte le site américain Fastcompany.com.

Si Sara Silverman est leur cliente la plus célèbre, Matthew Butterick et Joseph Saveri n’ont cessé depuis d’être approchés par d’autres personnes partageant les mêmes inquiétudes face à l’intelligence artificielle, et sa capacité à les pousser de force sur la touche si jamais rien n’est fait.

Leur démarche est loin de faire l’unanimité, et certains prédisent que les plaintes n’ont aucune chance d’aboutir, arguant qu’il leur sera impossible de prouver le plagiat et/ou la violation des droits d’auteur. D’autres affirment que leur combat commence après la guerre, et qu’il sera impossible d’arrêter la croissance (et les profits vertigineux) de ces sociétés toujours plus puissantes et influentes.

Création d'un nouveau modèle

Parmi les exigences de Matthew Butterick et Joseph Saveri, il y a la volonté d’obtenir, entre autres, la remise à zéro des algorithmes, suivi de la création d’un nouveau modèle qui laisserait le choix aux créateurs de contenus, artistes, etc. d'accepter ou non que leur travail sert à alimenter les programmes d'entraînements de l’intelligence artificielle – qui est incapable de créer sans cela. Cela exigerait une plus grande transparence de la part des sociétés qui, à mesure que le temps passe, se montreraient a contrario de plus en plus opaques sur la source des données utilisées.

L’impact des actions menées en justice par Matthew Butterick et Joseph Saveri commence déjà à se faire sentir outre-Atlantique où une de leurs clientes, l’artiste Karla Ortiz, a été appelée à témoigner devant le Sénat en juillet dernier. Une audience au cours de laquelle ils ont pu constater le scepticisme de certains élus concernant les pratiques de ces sociétés spécialisées dans le développement de logiciels usant de l’intelligence artificielle. Bien évidemment, toutes ces affaires risquent de mettre des années avant d’aboutir, et la technologie aura probablement beaucoup évolué d’ici là.

Selon Matthew Butterick, le face-à-face avec ces sociétés s’annonce toutefois titanesque, et potentiellement salvateur. «Ils en disent le moins possible à propos de l'origine des données. Ils prennent moins de précautions dans leur moisson de données, ainsi que dans leur utilisation, comme s’ils disaient : ‘Venez nous chercher’. Ce à quoi je réponds : ‘Défi accepté’», lance-t-il.

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